En décalage avec les attentes, Marie Kolly raccroche ses patins.
La patineuse d’Hauteville, expatriée à Madrid depuis 2019, a décidé de mettre un terme à sa carrière, à 24 ans.
Elle y pensait depuis un moment déjà. Toutefois, elle ne se voyait pas l’annoncer aussi rapidement aux médias, à La Gruyère notamment, qui a révélé l’information ce mardi. Usée mentalement, la Gruérienne Marie Kolly a décidé de mettre un terme à sa carrière à 24 ans et ce, avant les derniers objectifs qu’elle s’était fixés, à savoir la défense de son titre de championne d’Espagne en décembre, puis le championnat d’Europe en Lituanie le mois suivant.
«J’ai vraiment essayé d’y arriver, de m’entraîner à fond, mais je me suis rendu compte que j’étais en décalage avec ce qu’on attendait de moi, je ne parvenais plus à réaliser au quotidien l’effort nécessaire pour performer au plus haut niveau, explique-t-elle. J’ai continué à m’entraîner sérieusement et avec qualité, mais sans y prendre autant de plaisir qu’auparavant. Mes entraîneurs m’ont d’ailleurs confié qu’ils me sentaient un peu fuera ». Littéralement « dehors », mais comprenez « moins concernée ». Ceci, après 17 ans de compétition. « J’ai gagné ce que je pouvais en Espagne, surtout avec ce titre de championne nationale l’an dernier. Je préfère arrêter là-dessus. »
Une peur comblée
L’athlète d’Hauteville l’assure : elle part sans regret. Je craignais de devoir raccrocher les patins sans n’avoir jamais rien remporté d’important. Heureusement, la saison dernière m’a permis de combler cet objectif. Certes, je n’aurai jamais conquis l’or mondial ou européen, mais je peux déjà être très fière de ce titre de championne d’Espagne. »
L’ancienne du Club de patinage de la Gruyère avait décidé en 2019 de se rendre dans le pays de sa grand-maman pour y exercer son sport et s’offrir un nouveau départ, le tout en représentant son pays d’adoption lors des compétitions internationales. A Madrid, elle dit avoir découvert une discipline « moins individualiste qu’en Suisse ». Et d’ajouter : « Je me suis beaucoup améliorée depuis mon arrivée, mais à bientôt 25 ans, je sentais que ma marge de progression était malheureusement devenue infime. »
L’émotion des adieux se lit facilement dans les propos de Marie Kolly, à qui la compétition manquera sûrement, un peu, au début. Mais l’assurance d’avoir fait le bon choix surpasse les éventuels regrets. « J’estime que tout ce que j’ai vécu a permis de me forger en tant que personne et développer ma force mentale. Mais il faut l’admettre : cela n’a pas été facile d’évoluer dans ce sport relativement ingrat, avec une concurrence souvent malsaine. De plus, il a toujours fallu se débrouiller seule, sans aides financières. Mes parents ont pratiquement pris tous les frais de ma carrière à leur charge. » De quoi déconseiller aux jeunes espoirs du patinage artistique de tenter de percer à haut niveau ? « Non, ça reste un sport magnifique, mais qui demande beaucoup de courage. Surtout, il faut être prêt à tracer son chemin seul, sans rien n’attendre de personne. »
Un discours en guise d’avertissement qu’elle tient déjà aux plus jeunes, à qui elle transmet son savoir plusieurs fois par semaine, au sein de l’école de patinage madrilène. Car si la conseillère financière de profession met un terme à sa carrière personnelle, elle ne quitte pas pour autant le monde du patinage artistique, ni la capitale ibérique.

Jonas Ruffieux La Liberté